Paroles : Léo Lelièvre, Fernand Dervyl - Musique : Alcib Mario, W. Naudin - Éditeur : Charles Mayol (1908)
Ce soir-là, comme dix heures sonnaient
L' potard mit les volets
Mais à peine eut-il tourné l' dos
Qu' d'un des plus gros bocaux
Sortit un énorme ténia
Qui d'une voix forte s'écria
"J' veux plus vivre en ver solitaire !"
Du coup, tous les médicaments
Sortant d' leur cachette l'imitèrent
Et s' mirent à chahuter gaiement
Seul le clysopompe canulant comme tout
S' mit à faire une sale poire en caoutchouc
{Refrain :}
"Payons-nous un peu d'agrément"
Répétaient les médicaments
La réglisse
Sans malice
Disait "On n'est pas d' bois, vraiment"
La magnésie, l'air solennel
Contait ses histoires pleines de sel
Pour qu' la fête
Soit complète
On n'oublia pas l'essentiel
Et pour présider l'assistance entière
On désigna la phosphatine Fallières
L' sinapisme toujours rigolo
Faisait des mots nouveaux
L'antipyrine qui ne manquait
Pas de cachet s' taisait
L'eau oxygénée faisait "Crénom !
Oh, que j' suis gênée dans mon flacon"
Et la vaseline boriquée
Affirmant qu'elle avait partout
Ses grandes et ses petites entrées
Voulait les emmener je n' sais où
Et la sangsue, pleine de sensualité
Suçait la queue d' cerise avec volupté
{Refrain :}
"Payons-nous un peu d'agrément"
Répétaient les médicaments
À la menthe
Qui s' lamente
D'être l'amante sans amant
L'eau-d'-vie allemande dit "Mon trognon
Viens chanter l'amour en teuton"
Une pilule
Sans scrupule
Dit "Jouons aux cartes sans façon"
La bourrache dit "Non
Car chaque fois qu' je joue
Y a l' bourgeon d' sapin qui m'enlève l'atout"
La toux, hum hum